La cour d'appel de Paris a jugé mercredi «qu'aucune faute» n'avait été commise par les deux
scientifiques prévenus dans ce drame de santé publique.
La cour d'appel de Paris a jugé mercredi «qu'aucune faute» n'avait été commise par les deux
scientifiques prévenus dans le drame de santé publique de l'hormone de croissance.
«Aucune faute n’a été commise par les prévenus ou intimés», a annoncé le président Didier
Wacogne en introduction de la lecture de l’arrêt, en présence de très nombreuses familles des
victimes.
A l’issue du procès de première instance, qui s’était tenu en 2008, le tribunal n’avait condamné
aucun des sept scientifiques poursuivis dans ce dossier. Le jugement avait provoqué la révolte
des proches des victimes.
Devant la cour d’appel de Paris, qui a rejugé l’affaire à l’automne 2010, seuls deux prévenus
encouraient une sanction pénale: l’ancien biochimiste Fernand Dray, 88 ans, et la pédiatre
Elisabeth Mugnier, 62 ans, accusés de «tromperie aggravée» pour l’un, complicité pour l’autre et
«homicide involontaire» pour les deux.
Trois ans de prison avec sursis avaient été requis contre M. Dray, ancien directeur du laboratoire
de l’Institut Pasteur chargé d’extraire l’hormone. A l’encontre de la pédiatre, qui fut l’une des
chargées de la collecte des hypophyses dans les morgues des hôpitaux, le parquet général avait
requis de six à douze mois de prison avec sursis.
Ils sont accusés d’avoir commis une série de négligences et d’imprudences dans les phases
d’élaboration du traitement où ils intervenaient. Jusqu’en 1988, les hormones étaient fabriquées
à base d’hypophyse, une glande crânienne prélevée sur des cerveaux de patients décédés.
La défense a toujours mis en avant l’impossibilité de prévoir le risque de transmission du fait de
l’insuffisance des connaissances médicales de l’époque sur la maladie de Creutzfeldt-Jacob.
Depuis 1991, 120 jeunes gens sont morts des suites de cette pathologie dégénérative
foudroyante, parce qu’ils avaient reçu au milieu des années 80 des injections d’hormones
contaminées dans le cadre d’un traitement destiné à favoriser leur croissance.
Plus de 1.500 enfants ont reçu les mêmes soins à cette époque et, devenus jeunes adultes,
restent sous la menace de développer la maladie, dont l’incubation peut dépasser 30 ans.
Libération, 05/05/2011