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Voir en particulier : de 29:58 à 39:00 (environ).

Le reportage porte sur la réunion du groupe UMP qui s’est tenue à l’Assemblée nationale le 24/03, de « thérapie collective » après un « moment difficile pour la majorité » selon le président du groupe Jean-François Copé. Le commentaire parle d’un « Premier ministre à la fête » lors de cette réunion, ovationné plusieurs fois selon ce qui a pu filtrer de ce huis-clos, commentaire bien aidé par les nouveaux supports de communication électronique dont certains députés semblent friands. Ce qui se dégage de ces images, c’est l’impression que les députés du groupe majoritaire se rappellent que la Ve République est aussi un régime parlementaire, où finalement seuls le premier ministre et les membres de son gouvernement sont responsables politiquement devant eux d’une action courante durant la mandature. Ainsi, le député Jean-Pierre Grand appelle à une « gouvernance différente » au sein du pouvoir exécutif, tandis que son collègue Bernard Debré exhorte le premier ministre et les ministres à se mettre plus en avant, à l’encontre de l’« hyper – président » et de ses collaborateurs de cabinet. Les analyses qui suivent sont tout aussi intéressantes. Le journaliste Christophe Barbier (L’Express) prononce une sorte de mise en garde à François Fillon, estimant que ce dernier aurait « tort » de vouloir trop « s’affirmer » institutionnellement. Le professeur Pascal Perrineau (IEP Paris, directeur du CEVIPOF) rappelle la nature profondément « présidentialiste » de notre système politique, et des « moyens de pression » dont dispose le Président de la République en période majoritaire pour « mettre au pas » le premier ministre et le Parlement. Les arguments employés sont un peu curieux, M. Perrineau se référant au droit de dissolution (article 12) et au « vote bloqué » (article 44, alinéa 3). D’une part, qu’il soit permis de penser qu’il serait particulièrement hasardeux pour le président de la République de réfléchir, ne serait-ce qu’une seconde, à une dissolution éventuelle dans le contexte actuel, au vu des tendances électorales qui se sont dégagées lors des élections régionales. D’une façon générale, le levier de la dissolution sera marqué pour longtemps encore par l’expérience malheureuse de 1997. D’autre part, le « vote bloqué » fait certes partie des mécanismes rattachés au « parlementarisme rationalisé », mais au titre des rapports entre le Gouvernement et le Parlement. Au mieux, il ne peut s’agir que d’un moyen indirect de pression pour le Président de la République à l’égard du Parlement, si le Premier ministre et le Gouvernement ne constituent qu’une sorte d’écran transparent dans la dynamique institutionnelle. Mais dans des circonstances de plus grande tension dans le bicéphalisme exécutif, en dehors même d’une période de cohabitation, le sens de l’illustration proposé par le professeur Perrineau devient plus difficilement lisible.